Conseil municipal du 29 septembre 2016 - Rapport n°11 – rue Tisserand - Intervention de Samia Jaber
Lors du conseil municipal du 30 juin, nous avons fait le
choix d’une intervention dans la sobriété alors que nous disposions de certains
des éléments qui ont été ensuite mis sur la place publique. Car notre souhait n’était
de ne pas remuer le passé, de respecter le droit à l’oubli, de ne pas lancer de
polémique qui diviserait notre ville, de ne pas jeter l’opprobre sur toute une
famille.
Vous avez fait un tout autre choix !
Comme à votre habitude vous avez choisi la polémique, vous
avez caricaturé notre position et notre propos.
Je reprends notre échange de la séance du 30 juin :
Intervention de Jacqueline Guiot
« Etant donné le passé
quelque peu controversé d’André Tisserand que tout un chacun connait à Belfort,
est-il pertinent de proposer cette personne pour donner son nom à une rue de notre
ville ? »
L’intervention était courte et chaque mot pesé.
Quelle a été votre réponse ?
Brice Michel :
« Faut pas en vouloir à
madame Guiot parce que je crois qu’elle maitrise très mal la langue française.
Elle prend la parole au nom du groupe «
Innovant et Bienveillant »... « Rien dans son
intervention n’a été innovant ni bienveillant… »
Mis à part le fait que vous avez été insultant vis à vis
d’une élue (nous en avons l’habitude quand vous êtes à court d’argument), vous
avez surtout été profondément malhonnête, et menaçant.
1/ Oui nous avons été bienveillant,
vis à vis de vous et de votre famille .
Nous aurions pu faire un long exposé pour expliquer pourquoi
il ne fallait pas de rue André Tisserand. Nous avons été volontairement bref et
avons eu la délicatesse de ne pas dire clairement les choses et de rester sur
des sous-entendus parce que nous savions que dans cette assemblée vous saviez
tous et toutes à quoi nous faisions allusion.
« Etant donné le passé
quelque peu controversé d’André Tisserand que tout un chacun connait à Belfort,
est-il pertinent de proposer cette personne pour donner son nom à une rue de
notre ville ? »
Comment faire plus sobre compte tenu du sujet !! ?
Pourquoi autant d’agressivité de la part de monsieur Brice
Michel. Ce qui a suivi le conseil municipal
tout l’été, dans la presse avec de nombreux témoignages a été bien plus violent et j’imagine plus
douloureux pour lui et toute sa famille.
2/ votre intervention monsieur
le maire et monsieur le conseiller municipla était marquée du sceau de la malhonnêteté
intellectuelle.
Réduire notre intervention à une vulgaire histoire de
famille. Alors que nous avons délibérément pris la peine de faire intervenir
une élue totalement neutre parce que nous savions que votre réflexe serait de
caricaturer notre position en un remake du combat qui a opposé dans le passé la
famille Dreyfus Schmidt à la famille Tisserand, un remake par génération
interposée !
Il ne peut pas y avoir de
rancoeur chez les Dreyfus Schmitt, pas avec la brillante carrière de
Michel Dreyfus Schmitt. Cette tentative de faire un écran de fumée pour cacher
le vrai débat que suscite votre proposition a échoué.
Et les évènements qui ont suivi le conseil municipal l’ont confirmé notamment avec la prise en
main du dossier par la communauté israélite,
l’association des déportés et la LICRA.
3/ Enfin Monsieur Michel vous nous avez menacé, à mots couverts, de
diffamation.
Brice Michel « Alors
les propos qui sont tenus par madame Guiot ce soir, sont relativement fâcheux
mais pour éviter qu’elle se trompe à l’avenir en utilisant la langue française,
notamment en prenant la parole au nom d’un groupe qui se dit bienveillant et
innovant, je lui ai offert un Petit Larousse, de manière à ce qu’on puisse
comprendre ses prochaines interventions et qu’elle arrête de provoquer des
situations qui pourraient la poursuivre devant une juridiction pénale ».
De quelle diffamation parlez-vous ? Nous avons là aussi
veillé à ne pas tomber dans ce piège ! Nous n’avons volontairement pas rappelé
les faits et nous avions raison de le faire. Parce que nous ne voulions pas
ouvrir la boîte de Pandore. Nous ne voulions pas refaire le procès d’André
Tisserand, ni faire du révisionnisme, et surtout nous ne souhaitions pas être à
l’origine du désordre public qui allait immanquablement secouer notre ville.
Et les évènements qui
ont suivi le conseil municipal nous ont conforté dans ce sens.
Je cite un extrait du jugement du 23 septembre : « la décision
attaquée qui porte une atteinte grave à toutes les composantes de l’ordre
public, et préjudicie de manière suffisamment grave et immédiate, eu égard à
l’émotion suscitée au sein de la communauté juive et auprès des personnes qui
portent la mémoire déportés et de la Résistance »
Une décision qui porte atteinte aussi « à l’image de la ville de Belfort »
mais également « à l’intérêt public
qui s’attache au respect de la dignité de la personne humaine, ainsi qu’aux
intérêts que les requérants ont en charge de protéger, notamment la défense de
l’intégrité du statut de déporté et d’interné de la seconde guerre mondiale et
la défense des atteintes à la dignité de l’homme ….. ».
La sentence est très sévère et si le référé a été rejeté sur
la question de l’urgence, c’est quasiment un jugement sur le fond qui est
rendu. Le juge ne mâche pas ses mots et condamne cette décision et le vote de
votre majorité municipale.
4/ Quant à l’argument
du choix du général de Gaulle avancé par monsieur Meslot, celui-là entrera dans
les annales des sciences politiques.
Intervention de monsieur Meslot « Pour en revenir aux insinuations qui sont les vôtres sur maitre André
Tisserand, qui est le grand-père en l’occurrence de Brice Michel, moi je veux
bien que Belfort … chsais pu comment … innovante et bienveillante.. se permette
de donner des avis sur ce qu’a pu être le comportement de tel ou tel pendant la
guerre. Mais je me permets quand même, chère madame, de vous faire remarquer
qu’André Tisserand a été choisi par le Général de Gaulle, pour représenter le
mouvement gaulliste en 68. Alors vous me permettez de préférer, je veux dire,
le jugement du général de Gaulle dont tout le monde connait l’action pendant la
guerre à celui de madame Guiot pour savoir qui a fait quoi … ».
Nous, Monsieur le
maire, nous sommes des élus exigeants, qui connaissons bien notre ville et son
histoire. Le choix de Tisserand pour représenter les couleurs du parti du
général de Gaulle ne suffit pas à légitimer la décision de nommer une rue de Belfort ,
André Tisserand.
Dois-je vous rappeler aussi que ce parti, celui du général de Gaulle, avec tout le respect que
nous avons envers l’illustre homme d’Etat et son parcours, avait choisi un
autre éminent élu de la République, maire de Gretz- Armainvilliers, puis maire
de Saint Armand Montrond, député du Cher, et qui a fini sa brillante carrière
comme ministre du Budget de 1978 à 1981. Cet homme brillant, choisi par le
général de gaulle nommé aussi préfet de Gironde en 1942, n’est autre que Maurice
Papon, que l’histoire fera condamner par une cour d'assises en 1998, à une peine de dix ans de réclusion
criminelle, d'interdiction des droits civiques, civils et de famille pour
complicité de crimes contre l'humanité! Comme quoi l’on voit que l’onction gaullienne
ne vaut pas toujours certificat de moralité.
Je n’irai pas plus loin dans la comparaison, ces éléments
suffisant à balayer votre insoutenable légèreté.
5/ Vous nous avez
ensuite accusé de sectarisme
Je reprends vos paroles monsieur le maire « Donc je pense que c’est un mauvais procès. …
en sectarisme. »
Du sectarisme ! Alors que nous avons demandé la
disjonction du vote et voté pour la
nomination de la rue Schmittlein, l’accusation ne tient pas.
Conclusion :
1.
Remplacer le nom
Tisserand par Edith Cavell, n’annule en rien le vote du conseil municipal du 30
juin d’attribuer une rue de Belfort à André Tisserand.
2.
Nous vous
demandons d’abandonner définitivement cette proposition sans vous cacher
derrière le lancement d’une pseudo enquête sur le passé d’André Tisserand.
Enfin chers collègues beaucoup d’entre vous savaient et malgré
cela ont voté comme un seul homme.
Cet épisode malheureux salit l’image de notre ville, comme a
pu le faire la polémique sur les réfugiés chrétiens et Belfort se serait bien
passé de cette contre publicité dans de nombreux médias régionaux et étrangers.
La décision insensée que vous avez prise reflète aussi l’absence de débat au sein de
votre groupe et la complicité passive de tous les élus. Tout n’est pas que
politique politicienne. Nous sommes dans cette enceinte, nous opposition, des
lanceurs d’alerte. En politique, il appartient à tout un chacun, de prendre la
mesure de son mandat et d’assumer ses responsabilités. Si le maire est coupable
de légèreté dans le traitement de ses dossiers,
de précipitation dans les décisions qu’il prend, de mauvaise foi dans
les réponses qu’il apporte en séance du conseil municipal,
Votre silence, votre effacement et plus grave encore,
votre vote vous en rendent complices.
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