mardi 29 mars 2016

ZAC d’aménagement du site de l'Hôpital - Dossier de création

Conseil municipal du 28 janvier 2016
Intervention de Samia Jaber
Introduction
Le projet proposé ce soir dans ce rapport est important pour Belfort, ce sera très certainement le projet phare du mandat après les abandons programmés du parking souterrain et aux Forges pour vos mégastructures.
Pour introduire mon intervention, je me permets de rappeler le souhait exprimé par monsieur le Maire lors du dernier conseil municipal, que l’opposition se saisisse de façon constructive de ce dossier et là je reprends vos termes, ouvrez les guillemets : « … j’espère surtout que vous serez participative, parce qu’on entend souvent de la critique, mais je souhaite qu’elle soit constructive et vous avez toute votre place à prendre pour nous donner des bonnes idées que  nous sommes prêts à prendre, à partir du moment où ce sont des idées réalistes et qui peuvent s’intégrer dans notre plan global de redressement de Belfort et d’amélioration de la qualité du logement à Belfort ».
Ne vous inquiétez pas, nous serons participatifs, constructifs, nous avons de bonnes idées, réalistes mais avec une différence notable : les idées que nous proposons ne prennent pas en compte seulement l’amélioration de la qualité du logement à Belfort comme vous le préconisez.
Un projet immobilier contesté
Le projet que vous proposez n’est en fait qu’un projet immobilier. L’objectif est de construire un maximum de logements puisque vous choisissez la jauge la plus élevée de 375 logements précisément, si l’on se réfère aux documents que vous nous avez transmis pour ce rapport.
 A l’inverse de cette approche purement immobilière, nous pensons que pour mener au mieux, ce projet de requalification urbaine, dans l’intérêt des Belfortains et de Belfort, nous devons avoir une vision plus globale.  Nous proposons un projet qui intègre d’autres enjeux mis en avant d’ailleurs dans les études préalables menées par l’Agence d’Urbanisme :
  • environnement  et cadre de vie 
  • patrimoine architectura
  • articulation du quartier avec l’environnement proche, voiries et stationnement 
  • offre de santé de proximité  
  • offre immobilière adaptée
En matière de cadre de vie, la libération de près de 4 hectares constitue une opportunité qui ne se représentera plus jamais pour valoriser les espaces verts situés sur le site. Depuis les années 50, la surface de ces espaces verts n’a cessé de diminuer :
  • les anciennes promenades côté rue de Mulhouse ont disparu suite aux agrandissements successifs de l’hôpital
  • l’espace libéré par les serres municipales a été transformé en parking.

Le square Lechten, élément emblématique de nos  espaces verts belfortains est l’atout majeur de ce projet. De surface somme toute modeste, il est aujourd’hui enserré par plusieurs bâtiments proches qui le dominent. Il est fréquenté surtout par les gens du quartier. Les circulations qui le traversent sont à reprendre ainsi que les clôtures qui le délimitent. La mise en valeur du square Lechten doit permettre de le faire passer d’un statut de square de quartier à un statut de parc dimensionné à l’échelle de la ville. C’est un atout pour l’attractivité de Belfort et pour la requalification de l’avenue Jean-Jaurès.
C’est la raison pour laquelle la ville doit profiter de l’espace libéré par le départ de l’hôpital pour l’agrandir de façon significative jusqu’à la rue Saint Antoine et y aménager une nouvelle entrée magistrale côté Jean-Jaurès. De nouveaux cheminements doivent être mis en place pour favoriser les circulations dans le quartier entre les rues Saint Antoine, rue de Mulhouse et l’avenue Jean Jaurès.
Ce nouveau parc peut devenir la vitrine d’une politique environnemental volontariste, savoirs-faires du service de nos espaces verts, un lieu dans lequel se retrouvent tous les Belfortains en y favorisant  des activités ludiques et des espaces pédagogiques. On même imaginer d’y offrir un espace de consommation avec un bar restaurant à l’instar de ce que l’on peut trouver dans certaines villes comme Montbéliard. Un parking pourrait être créé à l’arrière du parc le long de la rue St Antoine pour ses usagers, les commerces et les riverains.
En matière de patrimoine bâti, plusieurs bâtiments présentant un intérêt architectural  peuvent être réutilisés comme l’a pratiqué la ville depuis toujours. Que serait devenu notre patrimoine et l’identité de notre ville si vos prédécesseurs n’avaient pas transformé l’abattoir municipal en cinéma, réuni deux casernes de la Manutention pour le centre chorégraphique, un des bâtiments des anciennes casernes pour la Maison de quartier des Forges ou même le bâtiment dans lequel nous nous trouvons, un ancien casernement de cavalerie réaménagé pour les services de la ville et de la CAB.
Dans cette continuité, plusieurs bâtiments présentant un intérêt architectural, cultuel, ou médical doivent être conservés et faire l’objet de réhabilitations pour un nouvel usage  :
  • le pavillon Lévy Grundwald ne doit pas être démoli, nous devons le réhabiliter et le mettre à disposition des Belfortains en y installant des services publics, par exemple le CCAS et le PAS Jean-Jaurès ; le principe est de préserver ce patrimoine en y investissant de l’argent public tout en le mettant à disposition du public
  • les deux pavillons hospitaliers : nous pourrions prévoir dans le règlement de la ZAC le maintien de tout ou partie des façades
  • la maison de direction avec son parc et ses arbres centenaires pour du logement de standing
  • le bâtiment de chirurgie, il n’y a pas de débat pour la vente à l’association des Bons Enfants ou tout autre structure
  • la chapelle doit être conservée comme lieu de culte comme vous vous y êtes déjà engagé
En matière de santé, il est important de maintenir sur Belfort un site d’accueil de proximité pour les urgences afin de désengorger le site médian comme semble le préconiser l’ARS. Le Bâtiment C serait tout approprié pour cet usage et pourrait accueillir un service de bobologie, un laboratoire,  l’IRM,  un cabinet d’ophtalmologie que vous avez promis.
Concernant le projet immobilier, vous faites le choix de privilégier la construction de logements de grand standing. Nous ne sommes pas opposés au grand standing mais nous privilégions la mixité sociale à l’échelle de la ville et dans tous les quartiers. Vous savez que  c’est un sujet de clivage entre nous, mais pour montrer mon esprit constructif, je suis prête à mettre ce point de côté. Ceci dit, l’expérience nous montre que parfois le logement social est sollicité, faute de promoteur. Nous aurons l’occasion d’en reparler.
Bien sûr nous sommes favorables à la construction de logements mais de façon mesurée.  Pour nous, la bonne jauge se situerait sans doute plus aux environ de 200 logements. Différents types de bâtiments pourraient être construits sur le site :
  • des maisons en bandes le long de la rue St Antoine dans sa partie est de la rue,
  • des immeubles en îlot ouvert le long du square Lechten et de la rue St Antoine dans sa partie ouest
  • des immeubles plots au centre du nouveau quartier
Par contre nous ne retenons pas l’idée d’immeubles linéaires le long de la rue St Antoine et l’avenue Jean-Jaurès qui auraient trop d’impact sur les habitations voisines et contrecarrerait la possibilité d’agrandissement du square Lechten. Concernant la question du commerce, vous présentez la création de nouvelles cellules commerciales sur le nouveau front bâti de l’avenue Jean-Jaurès comme une solution pour redynamiser le commerce dans cette artère. Au contraire nous y voyons qu’une possibilité de transfert d’activité commerciale qui mécaniquement accentuera la vacance des cellules commerciales déjà existantes et n’apportera aucune plus-value aux commerçants déjà installés.
Je souhaite terminer mon intervention sur deux points qui concernent l’approche financière du projet et la concertation :
Concernant l’approche financière, vous proposez un bilan financier prévisionnel de la ZAC avec 16 M€ de dépenses pour un peu plus de 6 M€ de recettes et donc une participation de la ville à hauteur d’un peu moins de 10 M€ à répartir sur une période dont il est difficile de préciser sa durée mais qui dépassera au minimum 10 ans.
Vous avez sorti de la ZAC la parcelle sur laquelle est construit le pôle gynéco-chirurgical et les urgences et une parcelle au nord ouest sur laquelle vous souhaitez l’implantation d’un bâtiment pour les consultations IRM.
Nous sommes surpris par cette proposition, d’autant plus que nous n’avons aucune information sur l’estimation du bâtiment C et de la parcelle. Vous n’indiquez pas si votre intention est de les vendre ou de les céder. Le conseil municipal doit avoir à ce stade ces éléments pour se prononcer.
Je veux également indiquer que le fait d’avoir une urbanisation avec une densité raisonnable et donc des espaces verts en plus grand nombre, améliorera l’attractivité des logements de grand standing et facilitera leur vente.
Nous souhaitons que la ville fasse estimer d’un point de vue financier de façon précise deux scénariis :
  • le scénario d’une urbanisation forte comme vous le proposez
  • le scénario d’une urbanisation plus faible comme nous le demandons
Je vous rappelle que pour l’urbanisation du site de l’ERM, Jean-Pierre Chevènement avait allié cadre de vie et bâti en réservant une surface de plus de 3 hectares pour la création du parc de la Savoureuse.
Concernant la concertation,  nous souhaitons tout d’abord apporter une critique sur la méthode que vous avez utilisée. Vous avez organisé une réunion publique à la Maison du Peuple pour informer les personnes présentes du projet et leur permettre de donner ensuite leur avis dans des cahiers mis à disposition en mairie. C’est une très bonne chose que les Belfortains soient informés mais encore eut-il fallu que toute l’information soit donnée.
 
Pourquoi ne pas avoir mis en avant les deux variantes de répartition des types bâtis figurant dans l’étude de l’Agence d’Urbanisme sur l’estimation du potentiel constructible p 32 et 33. Même si l’on peut toujours imaginer d’autres variantes, cette présentation a le mérite de présenter deux hypothèses :
  • un premier scénario avec une urbanisation importante,  325 logements, sachant que votre proposition actuelle est à 375 logements-, hypothèse qui intègre la construction d’un immeuble linéaire rue St Antoine et avenue Jean-Jaurès,
  • un deuxième scénario avec seulement 210 logements, l’extension significative du square Lechten  et l’absence d’immeuble linéraire rue St Antoine.
Cette présentation a le mérite de bien mettre en perspective 2 approches en matière d’aménagement de ce site et présenterait l’avantage d’une vraie consultation.
C’est la raison pour laquelle il me semble que la véritable démarche participative ne peut être engagée qu’à partir de ce soir
En conclusion, je souhaite marquer notre volonté d’améliorer le cadre de vie de nos concitoyens tout en rappelant que les collectivités françaises dans le cadre de la COP 21 dans la mise en œuvre d’actions qui visent notamment à verdir de façon plus forte nos villes.

Enfin monsieur le maire, soyez à la hauteur de vos illustres prédécesseurs qui ont permis l’émergence d’une ville nature avec des promenades, squares et parcs  à Belfort comme Lapostolet à l’origine de la création des squares Lechten et  Merloz, Lévy Grunwald pour le square du Souvenir et Jean Pierre Chevènement pour les parcs Mitterand et de la Savoureuse et le jardin du 700 ième.

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