Un panneau vient d'être installé devant le pavillon Grundwald pour notifier la destruction prochaine de la plupart des bâtiments hospitaliers du site de l'hôpital, dans le cadre du projet d'urbanisation porté par la SODEB pour le compte de la ville de Belfort.
Ces bâtiments sont au nombre d'une douzaine :
Aucune concertation avec les Belfortains et aucune information et débat en conseil municipal n'ont été organisés par le maire de Belfort sur les bâtiments qui pouvaient être démolis ou conservés !
Les Belfortains et les élus de l'opposition ont découvert cette information au détour d'un entrefilet dans l'Est la semaine dernière. C'est un déni manifeste de démocratie, alors que M. Meslot se targue à longueur de réunions publiques d'indiquer qu'il associe la population sur les projets qu'il met en œuvre.
Pavillon Lévy Grunwald avec au premier plan la statue d'Edith Cavell
Un bâtiment mériterait pourtant un vrai débat sur son maintien ou sa démolition, c'est le pavillon Lévy Grundwald. Il porte le nom de l'un des plus grands maires que notre ville ait connu. Outre la rénovation de l'ancien hôpital civil dans les années 30 avec l'adjonction du pavillon qui porte son nom, Edouard Lévy Grunwald est à l'origine des cités jardins du Mont, de la Pépinière, de la Miotte et des squares de la Roseraie, du Souvenir et Lechten. Excuser du peu ! Ce bâtiment pourrait très bien être conservé pour un usage public et intégré dans une extension du square Lechten en direction de la rue Saint Antoine.
Edouard Lévy Grunwald,
maire de Belfort de 1925 à 1932
De plus ce bâtiment possède une autre dimension historique. En 1939, durant l’occupation allemande, Pierre Dreyfus Schmidt, alors maire de Belfort, était détenu avec d'autres Belfortains dans l’ancien hôpital
militaire derrière le théâtre. Alors malade, il
se rendait chaque semaine dans
ce pavillon hospitalier pour y recevoir des soins médicaux. Avec le concours de l’un de ses adjoints,
il réussit à fausser compagnie à son garde du corps, dans des
conditions rocambolesques, pour rejoindre la Suisse puis la France libre, lui évitant
ainsi la déportation et une mort certaine.
Pierre Dreyfus Schmidt,
maire de Belfort de de 1935 à 1941, en 1945 et de 1958 à 1964
D'autres témoins de l'histoire de l'architecture hospitalière du site mériteraient un débat sur leur conservation. Ce
sont les pavillons hospitaliers situés au centre du site de l’hôpital, reconnaissables à leurs encorbellement de fenêtre en briques rouges et leurs grandes fenêtres en forme d'ogive.
Plus anciens que le pavillon Grunwald, ils remontent à la construction de l’hôpital
en 1910. Les façades orientées au sud et à l’ouest présentaient au rez-de-chaussée et au premier étage des
patios ouvert sur l’extérieur. Ces petits sanatoriums permettaient aux malades
de prendre le bon air et le soleil pour accélérer leur guérison. Symbole des premiers bâtiments hospitaliers, il serait intéressant de conserver tout ou partie de ces deux pavillons pour un usage public ( salle de réunions, service public, ....).
Projet d'hôpital civil en 1893, avec les 4 pavillons hospitaliers en alignement le long d'un passage couvert et précédés par un pavillon d'accueil
(plan archives municipales Belfort)
Deux des 4 pavillons originels, vestiges encore bien conservés
de l'hôpital civil créé en 1910
Par
le passé, les élus des majorités de gauche ont toujours essayé d’intégrer et de
réutiliser d’anciens bâtiments pour un usage public dans le cadre des projets
urbains :
·
derrière
le Théâtre, l’ancien hôpital militaire conservé pour la Maison des
Arts et du Travail et les services de la Direction de l’emploi ;
·
cité
administrative, un ancien bâtiment militaire réaménagé pour les services du
conseil départemental ;
·
quartier
de l’Espérance, un ancien bâtiment militaire transformé pour le centre
chorégraphique et divers services publics ;
·
place
Jeannine Bazin, les anciens abattoirs réaménagés en cinéma.
Mêmes causes, mêmes effets ? L'avenir nous le dira en mars 2020.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire