Depuis
la fin du mois de janvier, le feuilleton de l’affaire de l’emploi présumé
fictif de l’épouse du candidat des Républicains à la Présidentielle, Pénélope
Fillon, a occupé la une de tous les médias presse et télévisés. Une majorité de
Français ont été choqués par ces pratiques éloignées de l’éthique et de la
morale politique.
Dans
notre département, ne sommes-nous pas en face du même type d’affaire, certes à
une échelle moindre, mais avec le même type de dysfonctionnement ? Interrogé
sans ménagement depuis des mois par l’opposition départementale, Florian
Bouquet, le président du conseil départemental, a été dans l’obligation d’avouer
récemment avoir cumulé, entre le 02 avril 2015 et le 1ier mars
2016, plusieurs responsabilités liées à son élection à la tête de l’exécutif
départemental, avec son poste d’attaché parlementaire auprès du député D.
Meslot, poste qu’il aurait dû abandonner dès les élections départementales
passées.
Pour
rappel, M. Bouquet a cumulé son travail d’attaché parlementaire avec 3 autres
postes :
- président du conseil départemental ;
- président du Service Départemental
d’Incendie et de Secours (SDIS) ;
- vice-président de la Communauté d’Agglomération
Belfortaine (CAB), aujourd’hui le Grand Belfort ;
Avec
de telles responsabilités très gourmandes en temps et en énergie, comment M.
Bouquet a-t-il pu trouver le temps
nécessaire pour exercer normalement son poste d’attaché parlementaire ?
Surtout en début d’un mandat, là où le responsable de l’exécutif doit tout
apprendre et faire face aux nombreuses sollicitations et responsabilités qui
sont les siennes :
- prendre connaissance des multiples dossiers
dont la collectivité à la responsabilité ;
- rencontrer de nombreux responsables de
son administration, du monde associatif, politique et de l’industrie, des
représentants du personnel… ;
- effectuer des déplacements dans le
département mais aussi en France et à l’étranger ;
- représenter la collectivité dans une
multitude d’organismes ;
- ….
Pour
beaucoup de Belfortains, poser la question sera bien sûr y répondre, car les
journées n’ont que 24 heures et même pour une personne, avec des capacités
largement au-dessus de la moyenne, c’est mission impossible.
Ce
cumul d’un emploi d’attaché parlementaire du député maire de Belfort avec celui
de président du conseil départemental du Territoire de Belfort, pose aussi un
autre problème.
Comment
Florian Bouquet en tant que président de cette assemblée pouvait-il avoir
l’indépendance nécessaire par rapport à son employeur, le maire de Belfort,
dans les négociations et arbitrages dans lesquels il devait défendre les
intérêts de sa collectivité ?
La
même question se posait également concernant sa fonction de président du
conseil départemental avec celle de vice-président de la CAB, dont le président
n’était autre que M. Meslot, son employeur. Ce mélange des genres a d’ailleurs
été dénoncé à de multiples reprises en séance de conseil communautaire, sans
que cela n’émeuve beaucoup le principal intéressé.
Mais
ne nous méprenons pas sur la vraie responsabilité de ce « Bouquetgate » local. Le véritable
ordonnateur et bénéficiaire de ce dispositif de cumul est bien M. Meslot.
Celui-ci a mis en place un véritable système qui lui permet, depuis des années,
mais surtout depuis qu’il est maire de Belfort et président de la CAB, d’avoir
la main sur tous les rouages du fonctionnement politique local, en s’appuyant sur
un certain nombre d’obligés :
- Florian
Bouquet président du conseil départemental qui lui doit toute sa carrière
et qu’il peut donc manipuler à souhait ;
- Cédric
Perrin, sénateur du Territoire de Belfort, également son ancien attaché
parlementaire qui lui doit également son parcours et du fait de sa proximité
avec les maires du département, lui permet d’être sa courroie de transmission auprès
de ces élus locaux ;
- Ian Boucard, vice-président du Grand
Belfort, toujours attaché parlementaire de M. Meslot, qui sera peut être élu député
en cas de victoire aux prochaines élections législatives et qui lui gardera
ainsi la place bien au chaud, si d’aventure les choses tournaient mal aux
élections municipales de Belfort en 2020, pour lui permettre de retrouver son poste
de député, qu’il doit bientôt abandonner à cause de la loi anti-cumul ;
- Frédéric Rousse, vice-président du
conseil départemental, conseiller municipal d’opposition à Delle et surtout son
directeur de cabinet à la ville de Belfort et au Grand Belfort, qui lui doit
également son parachutage dans le Territoire de Belfort et sur qui il peut
s’appuyer sans état d’âme pour toutes les missions « délicates » tant
à la ville de Belfort, au Grand Belfort qu’au conseil départemental.
Nous
sommes donc bien dans un système autocratique dont M. Meslot tire toutes les
ficelles à son seul profit, bafouant l’un des principes de fonctionnement de
notre démocratie, la séparation des pouvoirs, qui lorsqu’elle est effective permet
d’éviter collusions et conflits d’intérêt.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire