mercredi 22 mars 2017

M. Meslot aurait-il eu un attaché parlementaire fictif pendant 11 mois ?


Depuis la fin du mois de janvier, le feuilleton de l’affaire de l’emploi présumé fictif de l’épouse du candidat des Républicains à la Présidentielle, Pénélope Fillon, a occupé la une de tous les médias presse et télévisés. Une majorité de Français ont été choqués par ces pratiques éloignées de l’éthique et de la morale politique.

Dans notre département, ne sommes-nous pas en face du même type d’affaire, certes à une échelle moindre, mais avec le même type de dysfonctionnement ? Interrogé sans ménagement depuis des mois par l’opposition départementale, Florian Bouquet, le président du conseil départemental, a été dans l’obligation d’avouer récemment avoir cumulé, entre le 02 avril 2015 et le 1ier mars 2016, plusieurs responsabilités liées à son élection à la tête de l’exécutif départemental, avec son poste d’attaché parlementaire auprès du député D. Meslot, poste qu’il aurait dû abandonner dès les élections départementales passées.

Pour rappel, M. Bouquet a cumulé son travail d’attaché parlementaire avec 3 autres postes :
- président du conseil départemental ;
- président du Service Départemental d’Incendie et de Secours (SDIS) ;
- vice-président de la Communauté d’Agglomération Belfortaine (CAB), aujourd’hui le Grand Belfort ;

Avec de telles responsabilités très gourmandes en temps et en énergie, comment M. Bouquet a-t-il pu trouver le  temps nécessaire pour exercer normalement son poste d’attaché parlementaire ? Surtout en début d’un mandat, là où le responsable de l’exécutif doit tout apprendre et faire face aux nombreuses sollicitations et responsabilités qui sont les siennes :
- prendre connaissance des multiples dossiers dont la collectivité à la responsabilité ;
- rencontrer de nombreux responsables de son administration, du monde associatif, politique et de l’industrie, des représentants du personnel… ;
- effectuer des déplacements dans le département mais aussi en France et à l’étranger ;
- représenter la collectivité dans une multitude d’organismes ;
- ….

Pour beaucoup de Belfortains, poser la question sera bien sûr y répondre, car les journées n’ont que 24 heures et même pour une personne, avec des capacités largement au-dessus de la moyenne, c’est mission impossible.

Ce cumul d’un emploi d’attaché parlementaire du député maire de Belfort avec celui de président du conseil départemental du Territoire de Belfort, pose aussi un autre problème.

Comment Florian Bouquet en tant que président de cette assemblée pouvait-il avoir l’indépendance nécessaire par rapport à son employeur, le maire de Belfort, dans les négociations et arbitrages dans lesquels il devait défendre les intérêts de sa collectivité ?
La même question se posait également concernant sa fonction de président du conseil départemental avec celle de vice-président de la CAB, dont le président n’était autre que M. Meslot, son employeur. Ce mélange des genres a d’ailleurs été dénoncé à de multiples reprises en séance de conseil communautaire, sans que cela n’émeuve beaucoup le principal intéressé.

Mais ne nous méprenons pas sur la vraie responsabilité de ce « Bouquetgate » local. Le véritable ordonnateur et bénéficiaire de ce dispositif de cumul est bien M. Meslot. Celui-ci a mis en place un véritable système qui lui permet, depuis des années, mais surtout depuis qu’il est maire de Belfort et président de la CAB, d’avoir la main sur tous les rouages du fonctionnement politique local, en s’appuyant sur un certain nombre d’obligés :
- Florian Bouquet président du conseil départemental qui lui doit toute sa carrière et qu’il peut donc manipuler à souhait ;
- Cédric Perrin, sénateur du Territoire de Belfort, également son ancien attaché parlementaire qui lui doit également son parcours et du fait de sa proximité avec les maires du département, lui permet d’être sa courroie de transmission auprès de ces élus locaux ;
- Ian Boucard, vice-président du Grand Belfort, toujours attaché parlementaire de M. Meslot, qui sera peut être élu député en cas de victoire aux prochaines élections législatives et qui lui gardera ainsi la place bien au chaud, si d’aventure les choses tournaient mal aux élections municipales de Belfort en 2020, pour lui permettre de retrouver son poste de député, qu’il doit bientôt abandonner à cause de la loi anti-cumul ;
- Frédéric Rousse, vice-président du conseil départemental, conseiller municipal d’opposition à Delle et surtout son directeur de cabinet à la ville de Belfort et au Grand Belfort, qui lui doit également son parachutage dans le Territoire de Belfort et sur qui il peut s’appuyer sans état d’âme pour toutes les missions « délicates » tant à la ville de Belfort, au Grand Belfort qu’au conseil départemental.

Nous sommes donc bien dans un système autocratique dont M. Meslot tire toutes les ficelles à son seul profit, bafouant l’un des principes de fonctionnement de notre démocratie, la séparation des pouvoirs, qui lorsqu’elle est effective permet d’éviter collusions et conflits d’intérêt.

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