mercredi 14 septembre 2016

Alstom Belfort et les Alstommes doivent vivre


Intervention au conseil municipal extraordinaire du 14 septembre 2016

Alstom et Belfort

A ceux qui voudraient nous faire croire qu'Alstom est une entreprise comme les autres,qui n'obéirait qu’au marché et qui ne vivrait qu'aux rythmes de ses commandes.
 
A ceux qui voudraient nous faire croire que l'économie ne s'appuie que sur la rentabilité à court terme et sur l'enrichissement des actionnaires.

Permettez à l'élue, engagée, que je suis, la fille d’un ouvrier Alstom venu, en 1970, travailler et s’installer à Belfort, d’avoir une autre vision.
Alstom, pour moi, c’est tout d’abord, une formidable histoire entre une usine et son territoire. C'est à partir du site de Belfort que l’ancêtre d’Asthom, la Société Alsacienne de Construction Mécanique (SACM), a construit son aventure industrielle mondiale. Un lien fort et indéfectible relie Belfort à cette entreprise.

Cette relation commence à se forger, dès 1871, suite au traité de Francfort qui génère 2 évènements majeurs pour Belfort et qui vont contribuer à son essor démographique, industriel et économique :
- l’arrivée massive à Belfort, par choix, d’Alsaciens ayant opté pour la France ;
- l’installation dans notre ville, par opportunité, d’établissements industriels mulhousiens, dont le plus important, la SACM deviendra plus tard, en 1928, Alsthom.
 
Belfort passe de 8 000 habitants en 1872 à plus de 32 000 en 1901 ! La petite ville de garnison devient alors une véritable cité industrielle et Alsthom, le poumon d’une ville qui se construit autour d’elle. Aux plus beaux jours, ce ne sont pas moins de 10 000 personnes qui travaillent dans les locaux d’Alstom !
On a coutume de dire dans la cité du Lion que Belfort c’est Alstom et Alstom c’est Belfort. On peut donc comprendre l’immense émotion qui nous a étreints, nous Belfortains, à l’annonce de la nouvelle du départ d’Alstom de Belfort.
Un autre lien, tout aussi indéfectible, relie l’Etat et les collectivités territoriales, à cette entreprise, c’est celui de la commande publique. À ses débuts, en 1879, l’usine belfortaine bénéficie d’un essor sans précédent, du fait de commandes massives de locomotives par l’État. Plus tard, lors de la guerre 14-18, ses ateliers tournent à plein, pour participer à l’effort de guerre pour la production d’armements. En 1928, Alsthom devient alors un groupe industriel de dimension nationale et sera l’un des principaux artisans de la politique industrielle française. La SNCF, entreprise d’Etat, va pendant des décennies favoriser le développement du groupe grâce à la commande de trains et de locomotives. La mise en œuvre du TGV, en partie construit à Belfort, en sera le point d’orgue.
Alstom sans la contribution de l’Etat français mais aussi des collectivités locales, ne serait pas Alstom.
Alstom, c'est aussi un outil au service d'une stratégie industrielle nationale et l’une des vitrines technologiques de notre pays.
Pour moi, le groupe Alstom ne peut se dédouaner de cette histoire et de la place qu’il occupe aujourd’hui dans l’économie française notamment celle liée au ferroviaire.
Le groupe Alstom a donc des comptes à rendre. Oui Alstom nous est redevable. Tout d’abord, aux pouvoirs publics qui l'ont porté, accompagné, fait grandir, et enrichi et ensuite, aux salariés et à leurs familles qui ont été les artisans de ses réussites, de ses records et de sa prospérité.
AUJOURDHUI BELFORT A RENDEZ-VOUS AVEC SON HISTOIRE, CONTINUONS À EN ÉCRIRE LES PAGES !
Oui, il n'est pas trop tard pour affirmer une volonté politique !
Parce que les raisons invoquées par la Direction d’Alstom pour fermer le site et le transférer ne sont pas recevables.
Parce que le mépris affiché envers les salariés, les élus et les pouvoirs publics n’est pas acceptable.
Le gouvernement, comme actionnaire, doit prendre la main et assumer toute sa responsabilité :
- il doit engager ce bras de fer avec fermeté ;
- il doit de toute urgence faire débloquer les commandes qui permettront d’assurer un plan de charge jusqu’en 2020 ;
- il doit rapidement organiser une table ronde pour définir une véritable stratégie industrielle du ferroviaire pour notre pays qui ne peut être réduite à un simple sauvetage, momentané, mais qui doit se construire sur le long terme en misant sur l’innovation.
Au-delà d'Alstom et de Belfort c'est toute l'industrie de notre pays qui est en état d'urgence.

AUJOURD’HUI LA FRANCE A AUSSI RENDEZ-VOUS AVEC SON FUTUR INDUSTRIEL !
L’optimisme de la volonté contre le fatalisme

A ceux qui disent et pensent que les élus ne peuvent rien, encore moins, quand il s’agit d’économie.
A ceux qui pensent que seule la loi du marché peut tout et qu’il faut laisser faire.
Je veux répondre, que mon engagement s’est construit sur une conviction profonde.

En politique le fatalisme ne doit pas exister. Seuls les engagements et leur mise en œuvre comptent. Les élus ont le devoir de soutenir leur industrie, les savoir-faire et capacités d’innovation qui leur sont liés.
Les élus ont cette capacité  à condition qu’ils y croient et s'en saisissent. C'est aussi par ces actes que nous restaurerons la confiance perdue entre nous et nos concitoyens.

Comme cela a déjà été fait en 2004, le gouvernement doit agir par tous les moyens.
A NOUS, ELUS DE NE PAS MANQUER TOUS CES RENDEZ VOUS
 
Samia Jaber

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