Conseil municipal du 28 janvier 2016Intervention de Samia Jaber
Le projet proposé ce soir dans ce
rapport est important pour Belfort, ce sera très certainement le projet phare
du mandat après les abandons programmés du parking souterrain et aux Forges
pour vos mégastructures.
Pour
introduire mon intervention, je me permets de rappeler le souhait exprimé par
monsieur le Maire lors du dernier conseil municipal, que l’opposition se
saisisse de façon constructive de ce dossier et là je reprends vos termes,
ouvrez les guillemets : « … j’espère
surtout que vous serez participative, parce qu’on entend souvent de la
critique, mais je souhaite qu’elle soit constructive et vous avez toute votre
place à prendre pour nous donner des bonnes idées que nous sommes prêts à prendre, à partir du moment
où ce sont des idées réalistes et qui peuvent s’intégrer dans notre plan global
de redressement de Belfort et d’amélioration de la qualité du logement à
Belfort ».
Ne
vous inquiétez pas, nous serons participatifs, constructifs, nous avons de
bonnes idées, réalistes mais avec une différence notable : les idées que
nous proposons ne prennent pas en compte seulement l’amélioration de la qualité
du logement à Belfort comme vous le préconisez.
Un
projet immobilier contesté
Le projet que vous proposez n’est en
fait qu’un projet immobilier. L’objectif
est de construire un maximum de logements puisque vous choisissez la jauge la
plus élevée de 375 logements précisément, si l’on se réfère aux documents que
vous nous avez transmis pour ce rapport.
- environnement et cadre de vie
- patrimoine architectural
- articulation du quartier avec l’environnement proche, voiries et stationnement
- offre de santé de proximité
- offre immobilière adaptée
- les anciennes promenades côté rue de Mulhouse ont disparu suite aux agrandissements successifs de l’hôpital,
- l’espace libéré par les serres municipales a été transformé en parking.
Le square Lechten, élément emblématique
de nos espaces verts belfortains est
l’atout majeur de ce projet. De surface somme toute modeste, il est aujourd’hui
enserré par plusieurs bâtiments proches qui le dominent. Il est fréquenté surtout
par les gens du quartier. Les circulations qui le traversent sont à reprendre
ainsi que les clôtures qui le délimitent. La mise en valeur du square Lechten
doit permettre de le faire passer d’un statut de square de quartier à un statut
de parc dimensionné à l’échelle de la ville. C’est un atout pour l’attractivité
de Belfort et pour la requalification de l’avenue Jean-Jaurès.
C’est la raison pour laquelle la ville
doit profiter de l’espace libéré par le départ de l’hôpital pour l’agrandir de
façon significative jusqu’à la rue Saint Antoine et y aménager une nouvelle
entrée magistrale côté Jean-Jaurès. De nouveaux cheminements doivent être mis
en place pour favoriser les circulations dans le quartier entre les rues Saint
Antoine, rue de Mulhouse et l’avenue Jean Jaurès.
Ce nouveau parc peut devenir la vitrine
d’une politique environnemental volontariste, savoir-faire du service de nos
espaces verts, un lieu dans lequel se retrouvent tous les Belfortains en y
favorisant des activités ludiques et des
espaces pédagogiques. On même imaginer d’y offrir un espace de consommation
avec un bar restaurant à l’instar de ce que l’on peut trouver dans certaines
villes comme Montbéliard. Un parking pourrait être créé à l’arrière du parc le
long de la rue St Antoine pour ses usagers, les commerces et les riverains.
En
matière de patrimoine bâti, plusieurs
bâtiments présentant un intérêt architectural
peuvent être réutilisés comme l’a pratiqué la ville depuis toujours. Que
serait devenu notre patrimoine et l’identité de notre ville si vos
prédécesseurs n’avaient pas transformé l’abattoir municipal en cinéma, réuni
deux casernes de la Manutention pour le centre chorégraphique, un des bâtiments
des anciennes casernes pour la Maison de quartier des Forges ou même le
bâtiment dans lequel nous nous trouvons, un ancien casernement de cavalerie
réaménagé pour les services de la ville et de la CAB.
Dans cette continuité, plusieurs
bâtiments présentant un intérêt architectural, cultuel, ou médical doivent être
conservés et faire l’objet de réhabilitations pour un nouvel usage :- le pavillon Lévy Grundwald ne doit pas être démoli, nous devons le réhabiliter et le mettre à disposition des Belfortains en y installant des services publics, par exemple le CCAS et le PAS Jean-Jaurès ; le principe est de préserver ce patrimoine en y investissant de l’argent public tout en le mettant à disposition du public
- les deux pavillons hospitaliers : nous pourrions prévoir dans le règlement de la ZAC le maintien de tout ou partie des façades
- la maison de direction avec son parc et ses arbres centenaires pour du logement de standing
- le bâtiment de chirurgie, il n’y a pas de débat pour la vente à l’association des Bons Enfants ou tout autre structure
- la chapelle doit être conservée comme lieu de culte comme vous vous y êtes déjà engagé
En
matière de santé, il est
important de maintenir sur Belfort un site d’accueil de proximité pour les
urgences afin de désengorger le site médian comme semble le préconiser l’ARS.
Le Bâtiment C serait tout approprié pour cet usage et pourrait accueillir un
service de bobologie, un laboratoire,
l’IRM, un cabinet d’ophtalmologie
que vous avez promis.
Concernant
le projet immobilier, vous
faites le choix de privilégier la construction de logements de grand standing.
Nous ne sommes pas opposés au grand standing mais nous privilégions la mixité
sociale à l’échelle de la ville et dans tous les quartiers. Vous savez que c’est un sujet de clivage entre nous, mais
pour montrer mon esprit constructif, je suis prête à mettre ce point de côté.
Ceci dit, l’expérience nous montre que parfois le logement social est
sollicité, faute de promoteur. Nous aurons l’occasion d’en reparler.
Bien sûr nous sommes favorables à la
construction de logements mais de façon mesurée. Pour nous, la bonne jauge se situerait sans
doute plus aux environ de 200 logements. Différents types de bâtiments
pourraient être construits sur le site :
- des maisons en bandes le long de la rue St Antoine dans sa partie est de la rue,
- des immeubles en îlot ouvert le long du square Lechten et de la rue St Antoine dans sa partie ouest
- des immeubles plots au centre du nouveau quartier
Par contre nous ne retenons pas l’idée
d’immeubles linéaires le long de la rue St Antoine et l’avenue Jean-Jaurès qui
auraient trop d’impact sur les habitations voisines et contrecarrerait la
possibilité d’agrandissement du square Lechten. Concernant la question du
commerce, vous présentez la création de nouvelles cellules commerciales sur le
nouveau front bâti de l’avenue Jean-Jaurès comme une solution pour redynamiser
le commerce dans cette artère. Au contraire nous y voyons qu’une possibilité de
transfert d’activité commerciale qui mécaniquement accentuera la vacance des
cellules commerciales déjà existantes et n’apportera aucune plus-value aux
commerçants déjà installés.
Je
souhaite terminer mon intervention sur deux points qui concernent l’approche
financière du projet et la concertation :
Concernant
l’approche financière, vous
proposez un bilan financier prévisionnel de la ZAC avec 16 M€ de dépenses
pour un peu plus de 6 M€ de recettes et donc une participation de la ville à
hauteur d’un peu moins de 10 M€ à répartir sur une période dont il est
difficile de préciser sa durée mais qui dépassera au minimum 10 ans.
Vous avez sorti de la ZAC la parcelle
sur laquelle est construit le pôle gynéco-chirurgical et les urgences et une
parcelle au nord ouest sur laquelle vous souhaitez l’implantation d’un bâtiment
pour les consultations IRM.
Nous sommes surpris par cette
proposition, d’autant plus que nous n’avons aucune information sur l’estimation
du bâtiment C et de la parcelle. Vous n’indiquez pas si votre intention est de
les vendre ou de les céder. Le conseil municipal doit avoir à ce stade ces
éléments pour se prononcer.
Je veux également indiquer que le fait
d’avoir une urbanisation avec une densité raisonnable et donc des espaces verts
en plus grand nombre, améliorera l’attractivité des logements de grand standing
et facilitera leur vente.
Nous
souhaitons que la ville fasse estimer d’un point de vue financier de façon
précise deux scénariis :
- le scénario d’une urbanisation forte comme vous le proposez
- le scénario d’une urbanisation plus faible comme nous le demandons
Je
vous rappelle que pour l’urbanisation du site de l’ERM, Jean-Pierre Chevènement
avait allié cadre de vie et bâti en réservant une surface de plus de 3 hectares
pour la création du parc de la Savoureuse.
Concernant
la concertation, nous souhaitons tout d’abord apporter une critique sur la méthode que
vous avez utilisée. Vous avez organisé une réunion publique à la Maison du
Peuple pour informer les personnes présentes du projet et leur permettre de
donner ensuite leur avis dans des cahiers mis à disposition en mairie. C’est
une très bonne chose que les Belfortains soient informés mais encore eût-il
fallu que toute l’information soit donnée.
Pourquoi ne pas avoir mis en avant les deux
variantes de répartition des types bâtis figurant dans l’étude de l’Agence
d’Urbanisme sur l’estimation du potentiel constructible p 32 et 33. Même si
l’on peut toujours imaginer d’autres variantes, cette présentation a le mérite
de présenter deux hypothèses :
- un premier scénario avec une urbanisation importante, 325 logements, sachant que votre proposition actuelle est à 375 logements-, hypothèse qui intègre la construction d’un immeuble linéaire rue St Antoine et avenue Jean-Jaurès
- un deuxième scénario avec seulement 210 logements, l’extension significative du square Lechten et l’absence d’immeuble linéraire rue St Antoine.
Cette présentation a le mérite de bien
mettre en perspective 2 approches en matière d’aménagement de ce site et
présenterait l’avantage d’une vraie consultation.
C’est la raison pour laquelle il me
semble que la véritable démarche participative ne peut être engagée qu’à partir
de ce soir
En
conclusion, je
souhaite marquer notre volonté d’améliorer le cadre de vie de nos concitoyens
tout en rappelant que les collectivités françaises dans le cadre de la COP 21
dans la mise en œuvre d’actions qui visent notamment à verdir de façon plus
forte nos villes.
Enfin
monsieur le maire, soyez à la hauteur de vos illustres prédécesseurs qui ont
permis l’émergence d’une ville nature avec des promenades, squares et
parcs à Belfort comme Lapostolet à l’origine de la création des squares
Lechten et Merloz, Lévy Grunwald pour le square du Souvenir et Jean
Pierre Chevènement pour les parcs Mitterand et de la Savoureuse et le jardin du
700 ième.
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